Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

Veltchaninov loua chaudement, non pas son jeu, mais Haydn, et ce petit morceau ; elle en eut un plaisir si visible, et elle écouta d’un air si reconnaissant et si heureux l’éloge qu’il faisait non pas d’elle, mais de Haydn, que Veltchaninov ne put s’empêcher de la regarder d’un œil plus attentif et plus cordial : « Vraiment, tu es une excellente fille », disait son regard — et tous comprirent du coup son regard, mais surtout Katerina.

— Quel magnifique jardin vous avez ! dit-il en s’adressant à toutes, et en jetant un regard vers les portes vitrées de la terrasse. Savez-vous ? allons tous ensemble au jardin.

— Oui, c’est cela, au jardin !

Ce fut un cri de joie, comme s’il eût répondu au désir de tous.

On descendit donc au jardin, pour attendre le dîner. Madame Zakhlébinine, qui depuis longtemps ne souhaitait qu’une chose, faire sa sieste, dut sortir avec tout le monde, mais s’arrêta prudemment sur la terrasse, où elle s’assit, et s’assoupit aussitôt. Au jardin, les rapports entre Veltchaninov et les jeunes filles furent bien vite devenus tout à fait familiers et amicaux. Il vit aussitôt sortir des villas voisines, pour venir se joindre à eux, deux ou trois jeunes