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rauque, étranglée, en étouffant presque à chaque mot :

— Ivrogne grotesque, si vous vous imaginez que vous allez me faire peur, eh bien ! je me retournerai du côté du mur, je m’envelopperai tout entier, même la tête, dans ma couverture, et je ne bougerai pas, de toute la nuit… pour te montrer le cas que je fais de toi… Et vous aurez beau rester là, debout, jusqu’au matin, à prolonger cette farce… Et je crache sur vous !…

Et il cracha avec rage vers ce qu’il pensait être Pavel Pavlovitch ; puis il se retourna, d’un mouvement brusque, vers le mur, s’enveloppa de sa couverture, et resta sans bouger, comme mort. Il se fit un silence terrible. Il ne savait, il ne pouvait savoir si le fantôme s’avançait vers lui, ou s’il restait immobile, et son cœur battait, battait, battait. Cinq minutes se passèrent, puis tout à coup il entendit, à deux pas de lui, la voix de Pavel Pavlovitch, faible et toute plaintive :

— C’est moi, Alexis Ivanovitch, je me suis levé pour chercher… (Et il nomma un objet indispensable.) Je n’en ai pas trouvé auprès de mon lit… j’ai voulu venir voir, très doucement près du vôtre.

— Pourquoi n’avez-vous rien dit… lorsque