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avec grand fracas, en sens inverse du cortège. Veltchaninov dut sauter de côté ; d’autres équipages et la foule le rejetèrent plus loin. Il cracha de dépit et retourna à sa voiture.

« C’est égal, de toute façon il n’aurait pas été possible de l’emmener dans cet état ! » songea-t-il, inquiet, et en plein désarroi.

Lorsqu’il eut raconté à Klavdia Petrovna les histoires de Maria Sysoevna et l’étrange rencontre de cet enterrement, elle resta pensive :

— J’ai peur pour vous, lui dit-elle, il faut que vous rompiez toutes relations avec cet homme, et le plus tôt sera le mieux.

— Bah ! c’est un ivrogne et un grotesque, et voilà tout ! s’écria Veltchaninov avec emportement. Moi, j’aurais peur de lui ? Et comment voulez-vous que je rompe toutes relations avec lui, du moment qu’il y a Lisa ! N’oubliez pas Lisa !

Lisa était couchée, très malade. La fièvre l’avait prise la veille au soir, et l’on attendait le médecin réputé, qu’on avait envoyé chercher à la ville de grand matin. Veltchaninov en fut complètement bouleversé. Klavdia Petrovna le mena auprès de la malade.

— Je l’ai observée hier très attentivement, lui dit-elle avant d’entrer : elle est fière, et