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demment, il était enchanté de la rencontre. Veltchaninov sauta à terre, et, en dépit de la foule et des agents, se glissa jusqu’à la portière de la voiture, qui déjà s’engageait sur le pont. Pavel Pavlovitch était seul.

— Pourquoi donc n’êtes-vous pas venu ? cria Veltchaninov ; comment êtes-vous ici ?

— Je rends les derniers devoirs… ne criez pas, ne criez pas !… je rends les derniers devoirs, dit Pavel Pavlovitch, avec un clignement d’œil joyeux, j’accompagne la dépouille mortelle de mon très excellent ami Stepan Mikhailovitch.

— Tout cela est absurde, ivrogne stupide ! cria encore plus fort Veltchaninov, un moment interloqué. — Allons, descendez tout de suite, et venez avec moi : allons, tout de suite !

— Pas possible… c’est un devoir…

— Je vais vous emmener de force, hurla Veltchaninov.

— Et moi je crierai, je crierai ! dit Pavel Pavlovitch, avec son même éclat de rire joyeux, comme si le jeu l’amusait, et en se renfonçant dans le coin de la voiture.

— Attention ! attention ! vous allez vous faire bousculer ! cria un agent.

Et, en effet, une voiture arrivait sur le pont,