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— Ne criez pas, ne criez pas, pourquoi crier ? dit l’autre, très vite, en le calmant du geste. Je ne me moque pas !… Ah ! Savez-vous ce que vous êtes, ce qu’à présent vous êtes pour moi ?

Et d’un mouvement rapide il lui prit la main et la baisa. Veltchaninov n’eut pas le temps de la retirer.

— Voilà ce que vous êtes pour moi, à présent. Et maintenant je m’en vais à tous les diables !

— Attendez, restez ! s’écria Veltchaninov, j’oubliais de vous dire…

Pavel Pavlovitch était déjà près de la porte ; il revint.

— Voyez-vous, dit Veltchaninov, d’une voix presque basse, très vite, en rougissant et en détournant les yeux, — il est convenable que vous alliez demain, sans faute, chez les Pogoreltsev, pour faire leur connaissance et les remercier… mais sans faute !…

— Certainement, sans faute ! C’est trop naturel, répondit Pavel Pavlovitch avec un empressement inaccoutumé, en faisant signe de la main qu’il était superflu d’insister.

— D’autant plus que Lisa est très désireuse de vous voir. Je lui ai promis…

— Lisa ? répéta Pavel Pavlovitch, Lisa ? Savez-vous ce qu’elle a été pour moi, Lisa, ce