Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh ! que m’importe ! fit d’un air agité Veltchaninov, qui se leva et marcha de long en large par la chambre.

— Je parie que vous vous dites en ce moment : « L’animal, qui de lui-même fait montre de son déshonneur ! » Ha ! ha ! Quel homme dégoûté vous faites !

— Je ne songe à rien de tel. Bien au contraire. Vous êtes extrêmement excité par la mort de l’homme qui vous a offensé, et puis, vous avez bu beaucoup de vin. Je ne vois rien là qui soit extraordinaire ; je comprends parfaitement pourquoi vous teniez à ce que Bagaoutov vécût, et j’apprécie fort bien votre désappointement, mais…

— Et pourquoi donc, à votre avis, tenais-je tant à ce que Bagaoutov vécût ?

— Cela, c’est votre affaire.

— Je parie que vous pensiez à un duel ?

— Le diable vous emporte ! s’écria Veltchaninov, de moins en moins maître de lui, ce que je pensais, c’est qu’un homme comme il faut… dans un cas de ce genre, ne s’abaisse pas aux bavardages saugrenus, aux grimaces stupides, aux gémissements ridicules et aux sous-entendus répugnants qui ne font que dégrader celui qui en use — mais qu’il agit