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et qui avorta. — Maintenant c’est votre tour, c’est vous qui restez mon seul véritable ami ! Fini, Stepan Mikhailovitch Bagaoutov ! C’est comme dit le poète :

C’en est fait du grand Patrocle, Le vil Thersite est encore vivant !

Et, en prononçant le nom de Thersite, il se désignait lui-même du doigt.

« Allons donc, animal ! explique-toi plus vite car je n’aime pas les sous-entendus », pensait Veltchaninov. La colère bouillait en lui, et il avait grand-peine à se contenir.

— Mais voyons, dites-moi, fit-il avec humeur, si vous avez des griefs certains contre Stepan Mikhailovitch (il ne l’appelait plus tout simplement Bagaoutov), vous devriez ressentir une joie très vive de la mort de votre offenseur ; pourquoi donc semblez-vous en être fâché ?

— De la joie ? Quelle joie ! Pourquoi de la joie ?

— Ma foi, j’en juge en me mettant à votre place.

— Ha ! ha ! à ce compte vous vous trompez fort sur mes sentiments. Le sage l’a dit : « Un ennemi mort, c’est bien ; un ennemi vivant, c’est encore mieux… » Ha ! ha !