Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

visite stupide, en état d’ivresse… Mais, après tout, cela est tout naturel de sa part ! Il a certainement voulu me confondre. Moi, tout à l’heure, et cette nuit, je n’ai pu me contenir. Je me suis conduit comme un imbécile. Je me suis trahi. Aussi, pourquoi est-il venu à un moment où j’étais si peu maître de mes nerfs ?… Je vous affirme qu’il tourmentait Lisa, la pauvre enfant, uniquement pour avoir sa revanche !… Je vous assure, c’est un pauvre homme, non pas un méchant homme. Il a maintenant tout l’air d’un grotesque, lui qui était jadis un homme si parfaitement rangé ; mais, vraiment, c’est bien naturel qu’il en soit venu à se déranger. Voyez-vous, mon aimée, il faut être charitable. Voyez-vous, ma bien chère aimée, je veux être tout autre avec lui ; je veux être très doux pour lui. Ce sera une bonne œuvre. Car, enfin, c’est moi qui ai tous les torts ! Écoutez, il faut que vous le sachiez : une fois, à T…, j’ai eu tout à coup besoin de quatre mille roubles, et il me les a donnés à l’instant même, sans vouloir de reçu, avec une véritable joie de me rendre service, et moi j’ai accepté, et j’ai pris l’argent de ses mains, vous entendez, comme des mains d’un ami !

— Surtout, soyez plus prudent — répondit