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prendre un emploi civil, mais je ne le voulus pas. Après avoir porté un uniforme étincelant, je ne pouvais pas me montrer quelque part comme employé de chemin de fer. Alors honte pour honte, opprobre pour opprobre, je préférai tomber tout à fait bas ; le plus bas me sembla le meilleur, et je choisis le plus bas. Et puis trois ans de souvenirs sombres et même la maison de refuge. Il y a dix-huit mois mourut à Moscou une riche vieille, qui était ma marraine, et qui me coucha, entre autres, dans son testament, sans que je m’y attendisse, pour la somme de trois mille roubles. Je fis mes réflexions et sur l’heure mon avenir fut décidé. J’optai pour la caisse de prêts sur gages, sans faire amende honorable à l’humanité : de l’argent à gagner, puis un coin à acheter, puis — une nouvelle vie loin du