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conscience de ce fait me suffisait parfaitement. C’est ainsi que se passa tout l’hiver. Oh ! pendant tout cet hiver, j’étais satisfait comme je ne l’avais jamais été !

Voyez-vous, une terrible circonstance a influé sur ma vie, jusqu’au moment de mon horrible aventure avec ma femme : ce qui m’oppressait chaque jour, chaque heure, c’était la perte de ma réputation, ma sortie du régiment. C’était la tyrannique injustice qui m’avait atteint. Il est vrai que mes camarades ne m’aimaient pas à cause de mon caractère taciturne et peut-être ridicule ; il arrive toujours que tout ce qui est en nous de noblesse, de secrète élévation, est trouvé ridicule par la foule des camarades. Personne ne m’a jamais aimé, même à l’école. Partout et toujours on m’a détesté. Loukérïa aussi ne pouvait me sentir. Au régiment, toutefois,