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fermement y échapper, je vous répondrais, comme devant Dieu, que je n’avais plus aucune espérance. Peut-être une chance sur cent. Pourquoi alors attendais-je la mort ! Et moi je demanderai : que m’importait la vie, puisqu’un être qui m’était cher avait levé le fer sur moi. Je sentais de plus, de toutes les forces de mon être, qu’à cette minute, il s’agissait entre nous d’une lutte, d’un duel à mort, duel accepté par ce lâche de la veille, par ce même lâche que jadis l’on avait chassé d’un régiment ! Je sentais cela, et elle le savait si elle avait deviné que je ne dormais pas.

Peut-être tout cela n’est-il pas exact ; peut-être ne l’ai-je pas pensé alors, mais tout cela a dû être alors, sans que j’y pense, car, depuis, je n’ai fait qu’y penser toutes les heures de ma vie.