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de tout, et que si l’état actuel des affaires est digne d’éloges, ce n’est que grâce à eux, gens d’esprit et de caractère. Aveuglés par l’orgueil, ils ne se connaissent point de défauts. Semblables à ces fripons mondains, nés Tartufes et Falstaffs, si fourbes qu’à la fin ils arrivent à se persuader qu’il doit en être ainsi, ils vont répétant si souvent qu’ils sont honnêtes, qu’ils finissent par croire que leur friponnerie est de l’honnêteté. Incapables d’un jugement quelque peu consciencieux ou d’une appréciation noble, trop épais pour saisir certaines nuances, ils mettent toujours au premier plan et avant tout leur précieuse personne, leur Moloch et Baal, leur cher moi. La nature, l’univers n’est pour eux qu’un beau miroir qui leur permet d’admirer sans cesse leur propre idole et de n’y rien regarder d’autre ; ce pourquoi