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avec elles ? Souvent, pendant les soirées pluvieuses, lorsque toute la société était obligée de rester à la maison, je me blottissais dans un coin du salon, triste et désœuvré, car personne, excepté ma persécutrice, ne m’adressait la parole. Alors j’observais tout le monde et j’écoutais les conversations, souvent inintelligibles pour moi. Bientôt j’étais comme ensorcelé par les doux yeux, le sourire paisible et la beauté de madame M***, — car c’était elle qui occupait ma pensée, — et une impression vague et étrange, mais incomparablement douce, ne s’effaçait plus de mon cœur. Souvent, pendant plusieurs heures, je ne pouvais la quitter du regard ; j’étudiais ses gestes, ses mouvements, les vibrations de sa voix pleine et harmonieuse, mais quelque peu voilée, et, chose bizarre ! à force de l’observer, je ressentais une