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L’expression de son visage attirait immédiatement ou plutôt provoquait un sentiment de profonde sympathie. On rencontre parfois de ces visages prédestinés. Auprès d’elle on se sentait naître à la confiance, et cependant ses grands yeux tristes, ardents et pleins d’énergie, avaient aussi des expressions timides et agitées. La crainte de quelque chose de redoutable et de terrible paraissait le dominer ; ses traits, paisibles et doux, qui rappelaient ceux des madones italiennes, étaient parfois voilés d’un tel désespoir, que chacun, en la regardant, était pris de tristesse à son tour et partageait son angoisse.

Sur ce visage pâle et amaigri dont les traits s’illuminaient parfois d’une sérénité d’enfant, perçait, à travers le calme d’une beauté irréprochable, une sorte d’abattement : étreinte sourde et secrète, tempérée