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que, moi, il fallait m’aimer, honnêtement, avec son âme, et non comme elle aurait pu aimer l’épicier. Et comme elle était trop chaste, trop pure pour consentir à ne me donner qu’un amour digne de l’épicier, elle n’a pas voulu me tromper. Elle n’a pas voulu me tromper en me donnant pour un amour, une moitié d’amour, un quart d’amour. Trop grande honnêteté ! Et moi qui voulais lui inculquer de la grandeur d’âme, vous vous souvenez ? singulière pensée.

C’est très étrange. M’estimait-elle ? Je ne sais pas. Me méprisait-elle ou non ? Je ne crois pas qu’elle me méprisât. Il est très extraordinaire qu’il ne me soit pas venu à l’idée une seule fois, pendant tout l’hiver, qu’elle pouvait me mépriser. J’ai cru le contraire très fermement jusqu’au jour où elle m’a regardé avec un étonnement sévère. Oui, sévère. C’est alors que j’ai compris à l’instant