Page:Dostoïevski - Krotkaïa, trad. Halpérine, 1886.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

sentis en mon âme un transport soudain. Je retournai à la maison en hâtant le pas. Le son de la pauvre petite voix cassée me résonnait dans le cœur. La respiration me manquait. Le bandeau tombait, tombait de mes yeux. Si elle chantait ainsi en ma présence, c’est qu’elle avait oublié mon existence. Voilà ce qui était clair et terrible. C’est mon cœur qui sentait cela. Mais ce transport éclairait mon âme et surmontait ma terreur.

Ô ironie du sort ! Il n’y avait et ne pouvait y avoir en moi, durant cet hiver, quelque autre chose que ce transport, mais, moi-même, où étais-je tout cet hiver ? Étais-je auprès de mon âme ?

Je montai vivement l’escalier et je ne sais pas si je ne suis pas entré avec timidité. Je me rappelle seulement qu’il me sembla que le plancher oscillait et que je