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je l’entends dans la chambre voisine, où elle était assise à sa table de travail, se mettre doucement à chanter.

Une pareille nouveauté me fit la plus vive impression et, aujourd’hui encore, je ne me rends pas bien compte du fait. Jusqu’à ce moment, je ne l’avais jamais entendue chanter. Si, peut-être, cependant, les premiers jours de son installation chez moi, quand nous étions encore d’humeur à nous amuser à tirer à la cible avec le revolver. Sa voix était à cette époque assez forte et sonore, un peu fausse, et cependant agréable et disant la santé. Et maintenant elle chantait d’une voix si faible….. Ce n’est pas que la chanson fût trop triste, c’était une romance quelconque, mais il y avait dans sa voix quelque chose de brisé, de cassé ; on eût dit qu’elle ne pouvait surmonter ce qui l’empêchait