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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

À ce moment j’éternuai : je fis tous mes efforts pour m’en empêcher, mais j’éternuai ! Tout devint silencieux comme dans les cimetières peuplés d’hôtes moins bavards.

J’attendis cinq minutes… mais pas un mot, pas un son !

Je pensai que quoi qu’ils eussent dit, ils avaient quelques secrets, entre eux, qu’ils ne voulaient pas révéler, du moins aux vivants.

Je me retirai, mais non sans me dire :

— « Je reviendrai faire une visite à ces gens-là quand ils ne seront plus sur leurs gardes. »

Certes les paroles de tous ces morts me poursuivirent ; mais pourquoi fus-je surtout hanté par ce mot : Bobok ! Je ne sais pourquoi il y a pour moi quelque chose d’horriblement obscène, de cynique, d’effrayant dans ces deux syllabes, surtout prononcées par un cadavre en pleine décomposition. Un cadavre dépravé ! Oh ! c’est horrible !

… Bobok !!!

… En tout cas j’irai revoir et entendre à nouveaux ces morts. Ils ont promis leurs biographies, je dois les recueillir. C’est pour moi un cas de conscience. Je les porterai au Grajdanine ! peut-être ce journal les insérera-t-il ?


VI

FRAGMENTS DE LA LETTRE D’UNE « PERSONNE »


Plus bas je reproduis une lettre ou plutôt des fragments d’une lettre adressée par « une personne » à la rédaction du Grajdanine. Il me serait impossible d’en donner le texte complet, et je n’en livre une portion que pour me débarrasser de la « personne ». Au journal, nous sommes mitraillés de ses communications. Cette « personne » énonce la prétention de me défendre contre mes ennemis littéraires. Elle a déjà écrit en ma faveur trois « contre-