être, à en juger par sa rudesse, une voix tout à fait peuple.
― Oh ! oh ! oh !
Et cela recommença et recommença.
Tout à coup éclata la voix claire, hautaine et méprisante d’une dame, évidemment de haut parage : « C’est révoltant de se trouver nichée à côté de ce boutiquier ! »
― Pourquoi diable ! vous êtes-vous couchée là, alors ? répondit l’autre.
― On m’y a fourrée bien malgré moi… C’est mon mari… Oh ! affreuses surprises de la Mort ! Moi qui ne vous aurais approché, de mon vivant, ni pour or ni pour argent, me voici à vos côtés parce qu’on n’a pu payer pour moi que le prix de la « troisième catégorie » !
― Ah ! je vous reconnais à la voix. Il y avait, dans le tiroir de ma caisse, une jolie note à vous réclamer !
― C’est un peu fort et assez bête de venir ici réclamer le payement d’une facture. Retournez là-haut faire vos plaintes à ma nièce : c’est mon héritière.
― Mais par où passerai-je, à présent ? Nous voici bien finis tous les deux, morts tous deux en état de péché, égaux devant Dieu jusqu’au jugement dernier.
― Égaux au point de vue des péchés, mais non autrement, riposta dédaigneusement la dame. Et n’essayez pas de faire la conversation avec moi, je ne le souffrirais pas.
― Oh ! oh ! oh ! clama encore la voix rude. Toutefois le boutiquier obéit à la dame.
― Ah ! fit le « conseiller », il lui cède ici-même ?
― Et pourquoi, dit le général, n’obtempérerait-il pas ?
― Mais Votre Excellence ignore donc qu’ici les choses ne se passent pas comme dans le monde que nous avons quitté ?
― Et comment se passent-elles donc ?
― Il n’y a plus de rang ni d’égards dus, chez nous, maintenant, puisqu’on affirme que nous sommes morts.
― Quand nous serions mille fois plus morts, il n’en faudrait pas moins de préséances, un ordre social !
Ces gens-là me consolèrent. Si l’on n’est pas amis dans