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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

de tous les médecins et de tous les juges. Le juge humain doit savoir lui-même qu’il n’est pas un juge définitif, n’étant qu’un pêcheur comme les autres, qu’il est absurde qu’il puisse jugé, s’il n’a recours à l’unique moyen de comprendre qui est la charité, l’amour. Une seule issue est indiquée à l’homme ; elle est généralement mise en lumière dans une splendide scène du roman, dans les pages consacrée à la maladie, crue mortelle, de l’héroïne. Les ennemis deviennent supérieures à eux-mêmes, se transforment en frères qui se sont tous pardonné, en des êtres qui, dans l’oubli de leurs ressentiments, ont rejeté loin d’eux le mensonge et le crime.

Si nous avons des œuvres d’art d’une si grande force de pesée et d’exécution, pourquoi n’arriverons-nous pas, en science sociale, à des solutions qui seraient bien à nous ? Pourquoi l’Europe n’admet-elle pas que nous disions une parole qui nous soit propre ? Il est impossible d’imaginer que la nature ne nous ait ridiculement don que d’aptitudes littéraires.

VIII

UN GENTILHOMME TERRIEN, QUI EN REVIENT
À LA CROYANCE EN DIEU DU MOUJIK.


Maintenant que j’ai exprimé mes réels sentiments d’admiration, on comprendra peut-être combien j’ai souffert en voyant un si grand écrivain nous décevoir à tel point dans cette malheureuse huitième partie. Il prive tout simplement, notre peuple de ce qu’il a de plus précieux, du sens essentiel de la vie. Il lui serait donc plus agréable, de ne pas voir notre peuple se lever en masse pour la défense de ses frères qui souffrent pour leur fois. Il nie là un phénomène évident. Certes cette négation n’est exprimé que par les personnages fictif du roman, mais on