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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

corps de doctrine, ils n’ont plus que des idées fragmentaire ; ils ne sont complets que dans la négation ; ils sont sans lien avec la véritable vie russe d’antan.

Mais je le répète, ces enthousiastes relatifs sont rares ; les indifférents, les apathiques dominent. À ce propos, vous rappelez-vous le procès de Djounkowsky ? Il n’est pas vieux, on l’a jugé le 10 juin de cette année, à Kalouga. Dans le tumulte des événements actuels, il n’a peut-être pas beaucoup attiré l’attention. Je l’ai lu dans le Nouveau Temps, et je ne sais pas si l’on en a publié de compte rendu ailleurs.

Il s’agit de gentilshommes terriens. Le major Alexandre Athnasievitch Djounkowsky, âgé de cinquante ans, et sa femme, Catherine Petrowna Djounkowskaïa, âgée de quarante ans, sont accusés d’avoir maltraité de façon féroce leurs trois enfants mineurs, Nicolas, Alexandre et Olga. Nicolas avait 13 ans, Olga 12 et Alexandre 11. Disons d’avance que les jurés ont acquitté les accusés.

Dans ce procès, on peut selon moi, relever beaucoup de choses typiques, et malheureusement très courantes, quotidiennes en quelque sorte. On sent qu’il y a beaucoup de familles russes analogues, incapables peut-être de ce qui a été révélé au tribunal, mais semblables, au fond au Djounkowsky.

Que nos lecteurs jugent par eux-même. Je reproduis ici l’accusation comme elle a paru dans le Nouveau Temps, c’est-à-dire sous forme abrégée.

III

LES PROCÈS DES DJOUNKOWSKY AVEC LEURS PROPRES ENFANTS


Les accusés Djounkowsky, possédant une certaine aisance et un nombre suffisant de gens de service, ont