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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

rité républicaine ? Chacun des anciens partis, isolé, ne peut rien ; unis, les conservateurs peuvent devenir une force et chasser les républicains. Quand la république sera détruite, il sera temps que chaque faction s’occupe de ses propres intérêts, et les chances de chacune seront d’autant plus forte qu’elle sera plus sûre des sympathies cléricales.

L’union s’est accomplie, et la majorité cléricale du Sénat a permis à Mac-Mahon de se débarrasser des républicains.

VI

L’ARMÉE NOIRE. — L’OPINION DES LÉGIONS.
LE NOUVEL ÉLÉMENT DE LA CIVILISATION.


Après avoir fait preuve d’une force inattendue et d’une réelle adresse, les cléricaux ne s’en tiendront pas là. Ils déclareront la guerre à l’Allemagne au moment opportun. Mac-Mahon semble déjà décidé à jeter la France dans la politique des aventures, et c’est ce que Bismarck a parfaitement saisi. S’arrêtera-t-on devant les conséquences ? Ils s’inquiètent peu de la France, les cléricaux. Ils pourraient bien s’en préoccuper un peu plus. Elle leur a rendu plus d’un service depuis des siècles ! Mais maintenant elle peut mourir si sa mort leur est utile. Tant pis si l’on doit épuiser sa sève ! Il faut prendre d’elle tout ce qu’elle peut donner. L’essentiel c’est qu’il est bon de se hâter ; autrement il sera trop tard.


Ce serait le moment de porter un coup droit à Bismarck, parce que si quelqu’un menace d’être dangereux à l’époque de l’élection du Pape, c’est bien Bismarck. L’occasion est propice. Bismarck n’a pas d’alliés actuellement. La Russie, son espoir, est occupée à présent en Orient. Même si ce n’est que temporairement, il faut