vieux prétextes afin de les faire prendre pour neufs ; — voilà leur œuvre ! — Il y a bien des causes à cela, et la principale c’est la désunion qui existe entre leur classe et la classe populaire. Ces diplomates en arrivent à vivre dans une atmosphère peu naturelle, beaucoup plus « mondaine » qu’humaine.
Prenez, par exemple, le comte de Cavour qui eut une réputation d’homme d’esprit et de grand diplomate. Je le choisis parce que, dès à présent, on consent à lui reconnaître du génie et surtout parce qu’il est mort. Qu’a-t-il fait de si remarquable ? Il a effectué l’union italienne. Il a donc atteint son but, mais il y avait deux mille ans que l’Italie portait en elle l’idée de l’unification de tout un monde. Les peuples, qui se succédèrent en Italie pendant ces vingt siècles comprenaient, qu’ils étaient en gestation d’une idée mondiale ; ceux même qui ne le comprenaient pas, le devinaient, le sentaient. Leur art, leur science portaient l’empreinte de cette idée qui se réalisa même en partie. Plus tard la vaste conception s’émietta, et qu’en est-il resté ? Un petit royaume, de second ordre plus ou moins uni matériellement, sans aucun soupçon de la grande tâche qui aurait pu être accomplie : L’unification spirituelle de tout l’Ancien Monde. L’œuvre du comte de Cavour, c’est ce petit royaume si ravi d’être de second ordre. On l’a bien dit. Le diplomate moderne est une « grande bête qui fait de petites choses ».
Le comte de Metternich passait aussi pour un diplomate des plus fins et des plus profonds. Quels furent ses projets ? Comment comprit-il ce siècle, qui commençait presque avec lui ? Quelles furent ses prévisions d’un avenir qui est notre présent ? Toute sa politique et tout son rêve politique furent de battre en brèche les idées du siècle commençant, à l’aide des plus basses mesures policières, et il était convaincu du succès ? Quant au prince de Bismarck, c’est encore un génie, — c’est entendu, — mais…
— Brisons là, Monsieur !… Et la maman m’interromprait d’un air hautainement offensé… Il est impossible d’aborder certains thèmes de ce genre avec les mères de famille. J’ai commis une terrible maladresse. Mais avec