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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

qu’il est fâcheux que le hasard m’ait amené ici au moment où je suivais le procès de la Kaïrova. J’ignore en grande partie la biographie de l’acquittée ; je ne sais donc pas si son nom me vient à propos en parlant de l’établissement qui nous occupe, mais je suis certain que tout son roman passionnel, raconté au tribunal, a perdu, pour moi, beaucoup de son intérêt lorsque j’ai vu cet établissement. Je l’avoue en toute franchise, et c’est peut-être à cause de cette visite, que je me suis montré si peu sensible en vous entretenant de l’affaire de Mme Kaïrova.


TENDANCES DÉMOCRATIQUES INCONTESTABLES.


LES FEMMES.


Il conviendrait peut-être de répondre encore à une lettre de l’un de mes correspondants.

Dans le dernier numéro du Carnet, j’ai écrit ces lignes qui ont pu paraître entachées d’exagération.

« Avant peu la Russie sera la plus forte de toutes les puissances européennes… Les autres grandes puissances disparaîtront… elles seront épuisées par la lutte qu’elles auront à soutenir contre leurs prolétaires. En Russie, il n’en sera pas de même. Le bonhomme Démos est content : il sera de plus en plus satisfait, de plus en plus uni. Un seul colosse demeurera sur le continent européen : la Russie… »

Mon correspondant m’objecte un fait qui semblerait prouver que Démos n’est pas aussi heureux que je veux bien le dire. En supposant qu’il me lise, il comprendra que je ne puis m’occuper à présent du fait en question, bien que je ne désespère pas d’y revenir prochainement. Pour l’instant, je veux dire un mot sur Démos, d’autant plus que d’autres personnes m’expriment des doutes sur son bonheur. Je leur ferai remarquer que j’ai laissé à entendre que sa prospérité lui viendrait de son union : «… de plus en plus satisfait, de plus en plus uni… »