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— Où est Nelly ? demanda le vieillard en regardant autour de lui.

— Oui ! où est-elle, ma petite colombe ? s’écria la bonne vieille. Nous l’avons tous oubliée !

Elle n’était plus là : elle s’était glissée inaperçue dans la chambre à coucher. Nous y allâmes tous. À notre vue, elle se blottit tout effrayée derrière la porte.

— Nelly, qu’as-tu, mon enfant ? s’écria le vieillard, qui voulut la prendre dans ses bras.

— Maman ! où est maman ? s’écria-t-elle égarée et comme dans le délire. Où est maman ? répéta-t-elle entendant vers nous ses mains tremblantes. Soudain un cri affreux, terrible, s’échappa de sa poitrine, une convulsion crispa son visage, et elle tomba sur le plancher, en proie à une crise épouvantable.


ÉPILOGUE.

DERNIERS SOUVENIRS.

Nous étions à la fin de juin ; la chaleur était suffocante ; le séjour de la ville était devenu presque impossible : l’atmosphère était chargée de poussière et de chaux provenant des maisons en construction, les pavés étaient brûlants, et l’air saturé de vapeurs empoisonnées… Mais, ô joie ! le tonnerre se fit entendre dans l’éloignement ; peu à peu, le ciel s’assombrit, et le vent se mit à souffler, chassant devant lui des tourbillons de poussière, et quelques grosses gouttes de pluie tombèrent pesamment sur les dalles des trottoirs. Un instant après, le ciel semblait s’être ouvert, et un déluge s’abattait sur la ville.

Au bout d’une demi-heure, le soleil brillait de nouveau : j’ouvris la fenêtre de ma chambre, et je respirai à pleins poumons. Dans mon ivresse, je fus sur le point de poser ma plume, de quitter ma table, et, oubliant mon éditeur, de courir chez mes amis, à Vassili-Ostrow. Mais quelque forte