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traversa rapidement son esprit : « Ses convictions peuvent-elles à présent n’être point les miennes ? Puis-je du moins avoir d’autres sentiments, d’autres tendances qu’elle ?… »

Durant toute cette journée, Sonia fut, elle aussi, fort agitée, et, dans la nuit, elle eut même une rechute de sa maladie. Mais elle était si heureuse, et ce bonheur était une si grande surprise pour elle, qu’elle s’en effrayait presque. Sept ans, seulement sept ans ! Dans l’ivresse des premières heures, peu s’en fallait que tous deux ne considérassent ces sept ans comme sept jours. Raskolnikoff ignorait que la nouvelle vie ne lui serait pas donnée pour rien, et qu’il aurait à l’acquérir au prix de longs et pénibles efforts.

Mais ici commence une seconde histoire, l’histoire de la lente rénovation d’un homme, de sa régénération progressive, de son passage graduel d’un monde à un autre. Ce pourrait être la matière d’un nouveau récit, — celui que nous avons voulu offrir au lecteur est terminé.



fin du tome second.