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ÉPILOGUE


I

La Sibérie. Au bord d’un fleuve large et désert s’élève une ville, un des centres administratifs de la Russie ; dans la ville il y a une forteresse, dans la forteresse une prison. Dans la prison est détenu depuis neuf mois Rodion Romanovitch Raskolnikoff, condamné aux travaux forcés (deuxième catégorie). Près de dix-huit mois se sont écoulés depuis le jour où il a commis son crime.

L’instruction de son affaire ne rencontra guère de difficultés. Le coupable renouvela ses aveux avec autant de force que de netteté et de précision, sans embrouiller les circonstances, sans en adoucir l’horreur, sans pallier les faits, sans oublier le moindre détail. Il fit un récit complet de l’assassinat : il éclaircit le mystère du gage trouvé dans les mains de la vieille (on se rappelle que c’était un morceau de bois joint à un morceau de fer) ; il raconta comment il avait pris les clefs dans la poche de la victime, il décrivit ces clefs, il décrivit le coffre et en indiqua le contenu ; il expliqua le