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senter par là dans quelle misère elle vivait. Elle n’accueillit ma demande qu’en pleurant, en sanglotant, en se tordant les mains, mais elle l’accueillit, car elle n’avait plus où aller. Comprenez-vous, comprenez-vous, monsieur, ce que, signifient ces mots : n’avoir plus où aller ? Non ? Vous ne comprenez pas encore cela !…

Pendant une année entière, j’accomplis mon devoir honnêtement, saintement, sans toucher à cela (il montra du doigt la demi-bouteille placée devant lui), car j’ai des sentiments. Mais je n’y gagnai rien ; sur ces entrefaites, je perdis ma place, sans qu’il y eût de ma faute : des changements administratifs entraînèrent la suppression de mon emploi, et c’est alors que je me mis à boire !…

Il va y avoir dix-huit mois qu’après bien des déboires et des pérégrinations nous nous sommes fixés dans cette capitale magnifique et peuplée d’innombrables monuments. Ici, j’avais réussi à me recaser, mais j’ai de nouveau perdu mon emploi. Cette fois, ç’a été de ma faute, c’est mon penchant pour la boisson qui m’a valu ma disgrâce… Nous occupons à présent une chambre chez Amalia Fédorovna Lippevechzel. Mais de quoi nous vivons et avec quoi nous payons, je l’ignore. Il y a là beaucoup de locataires, sans nous compter. C’est une vraie pétaudière que cette maison… hum… oui… Et pendant ce temps-là grandissait la fille que j’ai eue de ma première femme. Ce que sa belle-mère lui a fait souffrir, j’aime mieux le passer sous silence.

Quoique remplie de sentiments nobles, Catherine Ivanovna est une dame irascible et incapable de se contenir dans l’emportement de sa colère… Oui ! allons, il est inutile de parler de cela ! Ainsi que vous pouvez le supposer, Sonia n’a pas reçu beaucoup d’instruction. Il y a quatre ans, j’ai essayé de lui apprendre la géographie et l’histoire universelle ; mais comme moi-même je n’ai jamais été très-fort sur ces matières, et que, de plus, je n’avais aucun bon manuel à