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Sa mère et sa sœur, assises sur son divan, l’attendaient depuis une demi-heure.

Comment leur visite le prenait-elle à l’improviste ? Comment n’y avait-il pas songé du tout, quand, dans la journée même, on lui avait cependant annoncé leur arrivée prochaine, imminente, à Pétersbourg ? Depuis une demi-heure, les deux femmes ne cessaient de questionner Nastasia qui se trouvait encore là devant elles. Déjà, la servante leur avait raconté tous les détails possibles sur Raskolnikoff. En apprenant qu’il était sorti aujourd’hui de la maison, malade et assurément dans un transport de fièvre, à en croire Nastasia, Pulchérie Alexandrovna et Avdotia Romanovna épouvantées l’avaient cru perdu : que de larmes n’avaient-elles point versées ! par quelles angoisses n’avaient-elles point passé durant cette demi-heure d’attente !

Des cris de joie saluèrent l’apparition de Raskolnikoff. Sa mère et sa sœur s’élancèrent vers lui. Mais il restait immobile et comme privé de vie ; une pensée subite et insupportable avait glacé tout son être. Il ne put même leur tendre les bras. Les deux femmes le pressèrent contre leurs poitrines, le couvrirent de baisers, riant et pleurant à la fois… Il fit un pas, chancela et tomba évanoui sur le parquet.

Alarme, cris de frayeur, gémissements. Razoumikhine, resté jusqu’alors sur le seuil, s’élança dans la chambre, saisit le malade dans ses bras vigoureux et, en un clin d’œil, le coucha sur le divan.

— Ce n’est rien, ce n’est rien ! dit-il vivement à la mère et à la sœur : — c’est un évanouissement, cela n’a pas d’importance ! Le médecin disait tout à l’heure encore qu’il allait beaucoup mieux, qu’il était tout à fait rétabli ! De l’eau ! Allons, voilà déjà qu’il reprend ses sens, tenez, voyez-vous comme il revient à lui ?…

Ce disant, il étreignit avec une rudesse inconsciente le bras de Dounetchka et la força à se baisser vers le divan pour