Plusieurs personnes se tenaient à l’entrée de la maison et regardaient les passants. Il y avait là les deux dvorniks, une paysanne, un bourgeois en robe de chambre et quelques autres individus. Raskolnikoff alla droit à eux.
— Qu’est-ce qu’il vous faut ? demanda un des dvorniks.
— Tu as été au bureau de police ?
— Je viens d’y aller. Qu’est-ce qu’il vous faut ?
— Ils sont encore là ?
— Oui.
— L’adjoint du commissaire est là aussi ?
— Il y était tout à l’heure. Qu’est-ce qu’il vous faut ?
Raskolnikoff ne répondit pas et resta pensif.
— Il est venu visiter le logement, dit en s’approchant le plus âgé des deux ouvriers.
— Quel logement ?
— Celui où nous travaillons. « Pourquoi a-t-on lavé le sang ? a-t-il dit. Il s’est commis un meurtre ici, et je viens pour louer l’appartement. » Il s’est mis à sonner, et pour un peu il aurait cassé le cordon de la sonnette. « Allons au bureau de police, a-t-il ajouté, là je dirai tout. »
Le dvornik, intrigué, examina Raskolnikoff en fronçant le sourcil.
— Qui êtes-vous ? interrogea-t-il en élevant la voix avec un accent de menace.
— Je suis Rodion Romanovitch Raskolnikoff, ancien étudiant, et j’habite près d’ici, dans le péréoulok voisin, maison Chill, logement no 11. Questionne le dvornik… il me connaît.
Raskolnikoff donna tous ces renseignements de l’air le plus indifférent et le plus tranquille ; il regardait obstinément la rue et ne tourna pas une seule fois la tête vers son interlocuteur.
— Qu’êtes-vous venu faire dans ce logement ?
— Je suis venu le visiter.