Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 1.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

impossibilité psychologique, puisse détruire des charges matérielles, quelles qu’elles soient. Non, ils n’admettront jamais cela, par la raison qu’ils ont trouvé la boîte et que l’homme a voulu se pendre, « ce à quoi il n’aurait pu songer s’il ne s’était pas senti coupable ! — Voilà la question capitale, voilà pourquoi je m’échauffe ! Comprends-tu ?

— Oui, je vois bien que tu t’échauffes. Attends un peu, il y a une chose que j’avais oublié de te demander : qu’est-ce qui prouve que l’écrin renfermant les boucles d’oreilles a été pris en effet chez la vieille ?

— Cela est prouvé, reprit en rechignant Razoumikhine ; — Koch a reconnu l’objet et a indiqué celui qui l’avait mis en gage. De son côté, ce dernier a prouvé péremptoirement que l’écrin lui appartenait.

— Tant pis. Encore une question : quelqu’un n’a-t-il pas vu Nicolas pendant que Koch et Pestriakoff montaient au quatrième étage, et son alibi ne peut-il pas être établi ?

— Le fait est que personne ne l’a vu, répondit d’un ton fâché Razoumikhine, — voilà ce qu’il y a de désolant ! Koch et Pestriakoff eux-mêmes n’ont pas aperçu les ouvriers en montant l’escalier ; d’ailleurs, à présent, leur témoignage ne signifierait pas grand’chose. « Nous avons vu, disent-ils que l’appartement était ouvert et qu’on y travaillait probablement, mais nous avons passé sans faire attention, et nous ne nous rappelons pas s’il s’y trouvait ou non des ouvriers en ce moment. »

— Hum ! Ainsi toute la justification de Nicolas repose sur les rires et les coups de poing qu’il échangeait avec son camarade. Soit, c’est une forte preuve à l’appui de son innocence, mais… Permets-moi maintenant de te demander comment tu te rends compte du fait : en tenant pour vraie la version de l’accusé, comment expliques-tu la trouvaille des boucles d’oreilles ?

— Comment je l’explique ? Mais qu’y a-t-il à expli-