route ici, comme elle s’est déjà trompée au début quand elle a soupçonné Koch et Pestrïakoff ! Pour si désintéressé qu’on soit dans la question, on se sent révolté en voyant une enquête si bêtement, conduite ! Pestriakoff viendra peut-être chez moi ce soir… À propos, Rodia, tu connais cette histoire, elle est arrivée avant ta maladie, justement la veille du jour où tu as eu un évanouissement au bureau de police pendant qu’on en parlait…
Zosimoff regarda curieusement Raskolnikoff qui ne bougea pas.
— Il faudra que j’aie l’œil sur toi, Razoumikhine : tu t’emballes joliment pour une affaire qui ne te regarde pas, observa le docteur.
— C’est possible, mais n’importe ! Nous tirerons ce malheureux des griffes de la justice ! s’écria Razoumikhine, en frappant du poing sur la table. — Ce ne sont pas les bévues de ces gens-là qui m’irritent le plus : il est permis de se tromper, l’erreur est chose excusable car par elle on arrive à la vérité. Non, ce qui me fâche, c’est que, tout en se trompant, ils continuent à se croire infaillibles. J’estime Porpyre, mais… Tiens, sais-tu, par exemple, ce qui les a déroutés tout d’abord ? La porte était fermée : or, quand Koch et Pestriakoff sont arrivés avec le dvornik, elle était ouverte : donc Koch et Pestriakoff sont les assassins ! Voilà leur logique !
— Ne t’échauffe pas : on les a arrêtés, on ne pouvait pas faire autrement… À propos : j’ai eu l’occasion de rencontrer ce Koch, il paraît qu’il était en relation d’affaires avec la vieille, il lui rachetait les objets non dégagés à l’échéance ?
— Oui, c’est un aigrefin, un personnage véreux ! Il rachète aussi les lettres de change. Sa mésaventure ne m’émeut en aucune façon. Je m’emporte contre les agissements idiots d’une procédure démodée… C’est le cas ici d’ouvrir une nouvelle voie et de renoncer à une routine qui a fait son temps