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Nous travaillons à sa mise en liberté. À présent, du reste, cela ira tout seul. L’affaire est maintenant parfaitement claire ! Notre intervention aura seulement pour effet de presser le dénoûment.

— De quel peintre en bâtiments s’agit-il ?

— Comment, est-ce que je ne t’en ai pas déjà parlé ? Ah ! c’est vrai, je ne t’ai raconté que le commencement… voilà, c’est au sujet du meurtre de la vieille prêteuse sur gages… eh bien, on a arrêté le peintre comme auteur du crime…

— Oui, avant ton récit, j’avais déjà entendu parler de cet assassinat, et même l’affaire m’intéresse… jusqu’à un certain point… j’en ai lu quelque chose dans les journaux. Ah ! voilà…

— On a aussi tué Élisabeth ! fit tout à coup Nastasia en s’adressant à Raskolnikoff.

Elle n’avait pas quitté la chambre et, debout près de la porte, prêtait l’oreille à la conversation.

— Élisabeth ? balbutia le malade d’une voix presque inintelligible.

— Oui, Élisabeth, la revendeuse à la toilette, est-ce que tu ne la connaissais pas ? Elle venait ici en bas. Elle t’a même fait une chemise.

Raskolnikoff se tourna du côté du mur et se mit à fixer avec toute l’attention possible une des petites fleurs blanches semées sur le papier qui tapissait sa chambre. Il sentait ses membres s’engourdir, mais il n’essayait pas de se remuer, et son regard restait obstinément attaché sur la petite fleur.

— Eh bien, ce peintre qui est impliqué dans l’affaire, on a relevé des charges contre lui, sans doute ? dit Zosimoff, interrompant avec une impatience marquée le bavardage de Nastasia qui soupira et se tut.

— Oui, mais des charges qui n’en sont pas, et voilà précisément ce qu’il s’agit de démontrer ! La police fait fausse