avait apporté : du pain, du sel, une assiette, une cuiller.
— Je crois que tu n’as pas mangé depuis hier. Tu traînes sur le pavé toute la journée avec la fièvre dans le corps.
— Nastasia… pourquoi a-t-on battu la patronne ?
Elle le regarda fixement.
— Qui a battu la patronne ?
— Tout à l’heure… il y a une demi-heure, Ilia Pétrovitch, l’adjoint du commissaire de police, l’a battue sur l’escalier… Pourquoi l’a-t-il ainsi maltraitée ? Et pourquoi est-il venu ?…
Nastasia fronça le sourcil sans rien dire et examina longuement le locataire. Ce regard inquisiteur le troubla.
— Nastasia, pourquoi gardes-tu le silence ? demanda-t-il enfin d’une voix timide et faible.
— C’est le sang, murmura-t-elle comme se parlant à elle-même.
— Le sang !… Quel sang ?… balbutia-t-il, devenu pâle, et il se recula contre le mur.
Nastasia continuait à l’observer silencieusement.
— Personne n’a battu la patronne, reprit-elle ensuite d’un ton péremptoire.
Il la regarda, respirant à peine.
— Je l’ai entendu moi-même… je ne dormais pas… j’étais assis sur le divan, dit-il d’une voix plus craintive que jamais. — J’ai écouté longtemps… L’adjoint du commissaire de police est venu… De tous les logements, tout le monde est accouru sur l’escalier…
— Personne n’est venu. Mais c’est le sang qui crie en toi. Quand il n’a pas d’issue et qu’il commence à former des caillots, alors on a la berlue… Tu vas manger ?
Il ne répondait pas ; Nastasia ne quittait point la chambre, et le regardait toujours d’un œil curieux.
— Donne-moi à boire… Nastasiouchka.
Elle descendit et revint deux minutes après, rapportant de l’eau dans un petit pot d’argile ; mais à partir de ce