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son premier voyage il avait gagné au jeu 12.000 francs ; la seconde fois il perdit tout et ses amis furent obligés d’emprunter de l’argent à la Bibliothèque de Lecture, sur le compte d’un futur ouvrage. En souvenir de cet épisode de sa vie, Dostoïevski écrivit plus tard Le Joueur.

L’année suivante lui fut plus malheureuse encore. D’abord il perdit deux êtres chers à son cœur : sa femme et son frère Michel. En outre il eut un grand désastre avec la nouvelle revue L’Époque qui devait remplacer Vremia. Les tracasseries de la censure, la maladie de sa femme mourante, celle de son frère, le mauvais état de sa santé, tout cela eut pour résultat qu’après deux livraisons de L’Époque, qui avait à peine 1.300 abonnés, il ne restait plus un sou et on ne pouvait payer ni collaborateurs, ni papier, ni typographie ; tout s’écroulait. La famille de Michel Dostoïevski restait sans ressources et Dostoïevski lui-même avait 15.000 roubles de dettes.

Après la disparition de L’Époque, une nouvelle période commença : celle de la création des grands romans.


IV


En été 1865, à la fin de juin, Dostoïevski partit pour l’étranger. En automne il rentra à Pétersbourg qu’il ne quitta pas de tout 1866. Ce fut l’époque la plus pénible de sa vie.

Malade, seul, poursuivi par ses créanciers, tourmenté à cause de la famille de son frère défunt, il devait tendre toutes ses forces pour sortir de sa pénible situation financière.