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de son école, et que la vie de la communauté d’Icarie et le Phalanstère lui inspirent plus d’horreur et de dégoût que le bagne.

Néanmoins le 23 avril 1849, Dostoïevski était arrêté avec tout le groupe des Petrachevtsy, enfermé dans la forteresse, traduit devant la Cour martiale, accusé « d’avoir pris part à des conversations sur la sévérité de la censure ; dans une réunion en mars 1849, d’avoir lu la lettre de Bélinski à Gogol, de l’avoir lue ensuite chez Dourov et de l’avoir donnée à copier à Marbelli ; d’avoir écouté chez Dourov la lecture de divers articles ; de connaître le projet d’installation d’une typographie clandestine, etc. »

La Cour martiale condamna tous les Petrachevtsy de ce nombre Dostoïevski, à être fusillés. Ce terrible arrêt fut lu aux condamnés le 22 décembre 1849, et pendant vingt minutes les malheureux crurent que leur dernière heure avait sonné. Mais sur le lieu même du supplice la peine de mort fut commuée en celle des travaux forcés. Dostoïevski était condamné à quatre ans de travaux forcés, après quoi il devait être incorporé dans un régiment comme simple soldat. Le jour de Noël, Dostoïevski partit en Sibérie.

Le Petit Héros est la dernière œuvre de celle période de la vie de Dostoïevski ; elle fut écrite dans la forteresse. Son activité littéraire s’interrompit ensuite pour plusieurs années.


III


Muni de l’Évangile que lui avaient donné les femmes des Décembristes, qui à Tobolsk avaient visité les Petrachevtsy dans la prison, Dostoïevski fut enfermé au bagne pour quatre ans.