acharnement ses convictions religieuses ; dans le cercle du Sovremennik, on le regardait comme un conservateur.
En se séparant du cercle du Sovremennik, Dostoïevski se rapprocha de Bekelov et de Ianovski, et sous l’influence de ces deux hommes, et surtout du fameux Boutachevitch-Petrachevski, il se convertit au socialisme et rentra dans le cercle politique connu sous le nom des Petrachevtsy.
Dostoïevski appartenait au groupe des fouriéristes, les plus modérés de tous les Petrachevtsy. Selon Milukov, dans ce groupe « il n’y avait aucun plan révolutionnaire ». Le groupe des fouriéristes, fondé et présidé par Dourov, combattait la sévérité de la censure d’alors, le servage, les abus administratifs, mais il ne pensait pas au changement de forme du gouvernement, suivant sous ce rapport la doctrine de Fourier qui n’attribuait aucune importance aux transformations politiques. Cependant, un jour qu’on discutait les moyens d’émanciper les paysans, à l’objection de Dostoïevski : « Notre peuple ne suivra pas les traces des révolutionnaires européens », quelqu’un répondit : « Et s’il n’y avait pas d’autres moyens que la révolte pour affranchir les paysans, que faudrait-il donc faire ? » Dostoïevski s’écria : « Alors, la révolte ! »
Cette exclamation n’était que l’excitation du moment. En général, Dostoïevski était loin de toute idée révolutionnaire ; il déclamait avec enthousiasme les vers de Pouchkine sur la disparition de l’esclavage, « par un geste du tzar » ; il répétait que toutes les théories socialistes ne sont pour les Russes d’aucune importance, que dans la commune et l’artel depuis longtemps déjà existent des bases plus solides et plus normales que toutes les idées de Saint-Simon et