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pire quand, en 1844, le service d’ingénieur lui étant devenu insupportable, il donna sa démission. Il lui fallut le remplacer par des traductions de George Sand que les éditeurs lui payaient 25 roubles la feuille.

Après sa démission, Dostoïevski se mit à écrire son premier roman : Les Pauvres Gens. En mai 1845 le roman était terminé et Dostoïevski, par l’intermédiaire de son camarade d’école, Grigorovitch, le fit remettre à Nékrassov qui, à cette époque, se préparait à éditer un recueil littéraire.

Après avoir lu son roman, dans la nuit, Nékrassov et Grigorovitch, enthousiasmés, accoururent chez Dostoïevski ; puis ils portèrent le roman à Bélinski en disant : « Un nouveau Gogol est paru ! » À quoi Bélinski remarqua sévèrement : « Chez vous, les Gogols poussent comme des champignons. » Mais après avoir lu le roman, il s’écria ému : « Amenez-le. Amenez-le-moi le plus vite possible ! » Le roman parut dans le recueil de Nékrassov, au commencement de 1846, et son apparition valut à Dostoïevski une réputation des plus flatteuses dans les cercles littéraires de Pétersbourg.

Mais bientôt les relations entre Bélinski, Nékrassov, le cercle du Sovremennik et Dostoïevski devinrent très tendues et se rompirent tout à fait ; et presque toutes les œuvres de Dostoïevski (avant la déportation) parurent à Oletchestvennia Zapiski. C’est là que furent publiés : Le Double, M. Prokhartchine, La Patronne, Le Cœur faible. Les Nuits blanches, Nietotchka Niesvanov, etc.

Ce refroidissement puis cette rupture eurent pour cause essentielle la divergence d’opinions qui commençait déjà à se montrer entre Dostoïevski et le groupe de ces écrivains : Dostoïevski défendait avec