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Son penchant pour la littérature, qui de bonne heure se montra en Dostoïevski, ne lui laissait guère le goût des sciences appliquées qu’on enseignait à l’École des Ingénieurs. Toujours concentré en lui-même, pensif, sombre, le jeune garçon se liait peu avec ses camarades. Jour et nuit il restait plongé dans ses livres et noircissait de longues pages avec ses premiers essais littéraires. Il ne fut pas un élève très brillant, mais en revanche, pendant les mois passés à l’école, il étudia à fond Goethe, Schiller, Hoffmann, Victor Hugo, George Sand, Balzac et surtout Pouchkine. Sous l’influence de ce dernier il se mit à écrire un drame : Boris Godounov.

En 1839 le père de Dostoïevski mourut. Les enfante eurent pour tuteur le mari de leur tante, Karéline.

En 1843, Dostoïevski termina ses études d’ingénieur et entra au service de l’État, à Saint-Pétersbourg, en qualité de dessinateur du Département des Ingénieurs.


II


Après la sortie de l’École commença pour Dostoïevski une vie de labeur pleine de misères. On ne peut pas dire que Dostoïevski fût absolument sans ressources : il recevait de petits appointements et, de temps en temps, son tuteur lui envoyait de l’argent, de Moscou ; mais comme il était totalement privé de sens pratique, l’argent fondait entre ses doigts et il était toujours criblé de dettes. C’est un trait caractéristique qui passe à travers toute sa vie. Jusqu’à son dernier jour il se plaint du manque d’argent, emprunte, prend des avances, et n’arrive jamais à joindre les deux bouts.

La situation matérielle de Dostoïevski devint encore