Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de mentir, c’est uniquement par un excès de grandeur d’âme ; comprends-tu ?

Mon oncle me parut très embarrassé. Je lui dis :

— Écoutez, mon oncle, je vous aime tant que vous me pardonnerez ma question : êtes-vous ou non sur le point de vous marier ?

— Qui t’a parlé de cela ? fit-il en rougissant comme un enfant. Eh bien, je vais tout te dire. Tout d’abord, je ne me marie pas. Tout le monde ici, ma mère beaucoup, ma sœur un peu et surtout Foma Fomitch, que ma mère adore (et elle a bien raison ; il lui a rendu tant de services !) tout le monde voudrait me voir épouser Tatiana Ivanovna, par intérêt, pour le bien de toute la famille. Je comprends qu’on ne vise là-dedans que mon bien ; cependant, je ne me marierai pas ; je me le suis juré, mais je n’ai dit ni oui ni non. Je suis toujours comme ça. Alors, ils ont décidé que je consens et désirent que je profite de cette fête de demain pour faire ma déclaration… ça va faire un tas d’histoires qui me plongent à l’avance dans une perplexité effroyable, d’autant plus que Foma est fâché contre moi sans que je sache pourquoi. Ma mère aussi ! J’avoue que je n’attendais que toi et Korovkine… pour m’épancher… si je puis dire…