Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il faut que tu saches qu’ici, tout le monde est contre toi. Alors, sois prudent ; tiens-toi sur tes gardes !

— Contre moi ? demandai-je en regardant mon oncle avec surprise, ne pouvant comprendre comment j’avais pu m’aliéner des inconnus. Contre moi !

— Contre toi, mon petit. Qu’y faire ? Foma Fomitch est un peu prévenu contre toi… et ma mère aussi. D’une façon générale, sois prudent, respectueux ; ne les contredis pas ; surtout, sois respectueux…

— Respectueux envers Foma Fomitch, mon oncle ?

— Qu’y faire, mon ami ? Je ne le défends pas. Il a sans doute des défauts et en ce moment… Ah ! mon Sérioja, comme tout cela m’inquiète. Comme tout pourrait s’arranger et comme nous pourrions tous être heureux !… Mais qui n’a ses défauts ? Nous ne sommes pas non plus des perfections.

— De grâce, mon oncle, rendez-vous compte de ce qu’il fait.

— Bah ! ce ne sont que des chicanes ! Ce que je peux te dire, c’est qu’il m’en veut en ce moment, et sais-tu pourquoi ?… Du reste c’est peut-être de ma faute. Je te raconterai ça plus tard.

— Vous savez, mon oncle, j’ai là-dessus mes