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qu’il trouvait très heureuse. Grande idée ! Oui, c’est de la malpropreté ! Je l’ai toujours dit… C’est-à-dire que je ne l’ai jamais dit, mais que je l’ai toujours pensé. Vous entendez ? — cria-t-il aux paysans — l’ignorance, c’est la même chose que la malpropreté. C’est pourquoi Foma voulait vous instruire, pour votre bien. Mais c’est bon, mes amis, allez maintenant et que Dieu soit avec vous. Je suis très content, très content. Soyez tranquilles ; je ne vous abandonnerai pas.

— Défends-nous, notre père !

— Ne fais pas de nous des malheureux, petit père !

Et les paysans se jetèrent à ses pieds.

— Voyons ! pas de bêtises ! Prosternez-vous devant Dieu et devant le tsar, mais pas devant moi. ... Allez ; soyez sages, et le reste…

Les paysans partis, il me dit :

— Tu sais, le paysan aime les bonnes paroles, mais il ne déteste pas non plus un cadeau. Je leur donnerai quelque chose, hein ? Qu’en penses-tu ? En l’honneur de ton arrivée. Voyons, faut-il leur faire un cadeau ?

— Je vois, mon oncle, que vous êtes leur bienfaiteur.

— Ce n’est rien ; il n’y a pas moyen de faire au-