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des pieds ! Mais Foma a prétendu une fois que le mercredi était un jeudi et tout le monde consentit que ce mercredi fût un jeudi. Vous croyez que j’invente ? Nullement.

— J’avais entendu dire des choses de ce genre, mais j’avoue que…

— J’avoue ! J’avoue ! Vous ne savez dire que cela ! Qu’y a-t-il à avouer ? Demandez-moi plutôt d’où je viens. La mère du colonel, bien qu’elle soit une très digne dame et une générale, n’a plus sa raison… Elle ne peut se passer de ce Foma. Elle est cause de tout ; c’est elle qui l’a installé dans la maison. Il l’a ensorcelée. Elle n’ose plus dire un mot quoiqu’elle soit une Excellence pour s’être mariée à cinquante ans avec le général Krakhotkine. Quant à la sœur du colonel, la vieille fille, j’aime mieux ne pas en parler ; elle ne sait que pousser des oh ! et des ah ! J’en ai assez ; voilà tout ! Elle n’a pour elle que d’être une femme. Mais en mérite-t-elle plus d’estime ? D’ailleurs il est même indécent à moi d’en parler devant vous car, enfin, c’est votre tante. Seule, Alexandra Yégorovna, la fille du colonel, qui n’a que quinze ans, possède quelque intelligence ; elle ne manifeste aucune estime pour Foma. Une charmante demoiselle ! Quelle estime mérite ce Foma, cet ancien bouffon