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votre mot). Selon moi, c’est une fripouille et non pas un homme. A-t-il une figure humaine ? C’est quelque chose d’ignoble, mais ce n’est pas une figure humaine !

Je lui expliquai que je ne connaissais pas la figure de Foma, mais que le colonel était mon oncle et que j’étais moi-même Serge Alexandrovitch.

— Ah ! vous êtes le savant ? Mais, mon petit père, on vous attend avec impatience ! s’écria le bonhomme franchement joyeux, cette fois. J’arrive de Stépantchikovo où je n’ai pu finir de dîner, tant la présence de ce Foma m’était insupportable. Je me suis brouillé avec tout le monde à cause de ce maudit Foma !… En voilà une rencontre ! Excusez-moi. Je suis Stépane Aléxiévitch Bakhtchéiev et je vous ai connu pas plus haut qu’une botte… Qui m’aurait dit ?… Mais permettez-moi…

Et le bon gros bonhomme se mit à m’embrasser.

Après ces premières effusions, je commençai sans tarder mon interrogatoire, car l’occasion était favorable.

— Mais qu’est-ce que ce Foma ? demandai-je ; comment a-t-il pu s’emparer de toute la maison ? Pourquoi ne le chasse-t-on pas ? J’avoue que…

— Le chasser ? Mais vous êtes fou ! Le chasser, quand le colonel marche devant lui sur la pointe