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de chaume d’un paysan et je crierai votre acte ignoble à tous les propriétaires voisins, à tous les passants !… Oui, sachez tous, tous ! que, cette nuit, je l’ai surpris dans le parc, dans les taillis, avec cette jeune fille à l’air si innocent !

— Quelle horreur ! minauda la demoiselle Pérépélitzina.

— Foma ! tu cours à ta perte ! criait mon oncle les poings serrés et les yeux étincelants. Mais Foma continuait à brailler :

— Et lui, épouvanté d’avoir été vu, il a osé tenter de me séduire, moi, honnête, loyal, par une lettre menteuse, afin de me faire approuver son crime… Oui, son crime ! car, d’une jeune fille pure jusqu’alors, vous avez fait une…

— Encore un seul mot outrageant à son adresse, Foma, et je jure que je te tue !

— Ce mot, je le dis, oui, de la jeune fille la plus innocente jusqu’alors, vous êtes parvenu à faire la dernière des dépravées.

Foma n’avait pas encore prononcé ce dernier mot, que mon oncle l’empoignait et, le faisant pirouetter comme un fétu de paille le précipitait à toute volée contre la porte vitrée qui donnait sur la cour. Le coup fut si rude que la porte céda, s’ouvrit largement et que nous vîmes Foma, dégringolant