— Foma ! Foma ! Mais qu’as-tu ? Où veux-tu donc t’en aller ? s’écria enfin mon oncle.
— Je me prépare à quitter votre maison, colonel ! posa Foma d’une voix calme. J’ai décidé d’aller où le vent me poussera et c’est dans ce but que j’ai loué un simple chariot à mes frais. Mon petit baluchon s’y trouve maintenant ; il n’est pas gros : quelques livres préférés, de quoi changer deux fois de linge et c’est tout ! Je suis pauvre, Yégor Ilitch, mais, pour rien au monde je n’accepterais votre or, comme vous avez pu vous en convaincre hier même !
— Mais, Foma, au nom de Dieu, qu’est-ce que cela signifie ? supplia mon oncle, plus blanc qu’un linge.
La générale poussa un cri et, les bras tendus vers Foma Fomitch, le contempla avec désespoir, cependant que la demoiselle Pérépélitzina s’élançait pour la soutenir. Les dames pique-assiettes restèrent clouées sur leurs sièges et M. Bakhtchéiev se leva lourdement.
— Allons, bon ! voilà que ça commence ! murmura près de moi Mizintchikov.
On entendit à ce moment les lointains roulements du tonnerre ; l’orage approchait.