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— Oui, oui, mon ami. Mais ce n’est pas tout… Dans tout cela, on voit clairement apparaître le doigt de Dieu… Mais je veux parler d’autre chose… Pauvre Tatiana Ivanovna ! Quelle aventure ! Quel misérable que cet Obnoskine ! Je l’appelle misérable et j’étais tout prêt à en faire tout autant que lui en épousant Tatiana Ivanovna… Bon ! ce n’est pas ce que je voulais te dire… As-tu entendu ce que criait ce matin cette malheureuse Anfissa Pétrovna au sujet de Nastia ?

— Je l’ai entendu, mon oncle. J’espère que vous avez enfin compris qu’il faut vous presser.

— Absolument. Je dois précipiter les choses à tout prix, répondit mon oncle. Le moment solennel est arrivé. Mais voici, mon ami, il est une chose que nous n’avons pas envisagée hier, et, cette nuit, je n’en ai pas fermé l’œil : consentira-t-elle à m’épouser ?

— De grâce, mon oncle ! puisqu’elle vous dit qu’elle vous aime !

— Mon ami, elle ajoute aussitôt : mais je ne vous épouserai pour rien au monde.

— Eh ! mon oncle, on dit cela… Mais les circonstances ont changé aujourd’hui même.

— Tu crois ? Non, mon cher Serge, c’est délicat, très délicat ! Croirais-tu pourtant que, malgré