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— Mon oncle, je voyais que vous l’aimiez autant qu’il est possible d’aimer ; vous l’aimiez sans le savoir vous-même. Songez donc : vous me faites venir et vous voulez me marier avec elle, dans l’unique but de l’avoir pour nièce et sans cesse près de vous.

— Et toi, Serge, me pardonnes-tu ?

— Oh ! mon oncle !

Nous nous embrassâmes encore. J’insistai :

— Faites bien attention, mon oncle, qu’ils sont tous contre vous, qu’il faut vous armer de courage et foncer sur eux tous, pas plus tard que demain !

— Oui… oui, demain ! répéta-t-il tout pensif. Sais-tu, il faut faire cela avec courage, avec une vraie générosité, avec fermeté, oui, avec fermeté.

— Ne vous intimidez pas, mon oncle !

— Je ne m’intimiderai pas, Serge. Mais voilà, je ne sais par où commencer !

— N’y songez pas. Demain décidera de tout. Pour aujourd’hui, appliquez-vous à reprendre votre calme. Inutile de réfléchir ; cela ne vous soulagera pas. Si Foma parle, il faut le chasser sur-le-champ et l’anéantir.

— Il serait peut-être possible de ne pas le chasser. Mon ami, voilà ce que j’ai décidé. Demain,