Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon nom n’est pas convenable ! reprit Vidopliassov.

— Mais pourquoi ? lui demandai-je ébahi.

— Parce qu’il a un sens indécent.

— Pourquoi ? Et puis, comment en changer ? On ne change pas de nom !

— De grâce, peut-on porter un nom pareil ?

— Je veux bien qu’il soit assez bizarre, continuai-je, toujours aussi étonné. Mais qu’y faire ? Ton père le portait.

— Ainsi donc, par la faute de mon père, il faut que je souffre toute ma vie, car mon nom m’attire d’innombrables désagréments, d’insupportables plaisanteries, répondit Vidopliassov.

— Je parierais, mon oncle, m’écriai-je avec colère, je parierais qu’il y a du Foma Fomitch là-dessous.

— Non, mon ami, non ; tu te trompes. Il est bien vrai que Foma le comble de ses bienfaits ; il en a fait son secrétaire et c’est là l’unique emploi de Grigori. Bien entendu, il s’est efforcé de le développer, de lui communiquer sa noblesse d’âme et il en a fait un homme éclairé sous certains rapports… Je te raconterai tout cela…

— C’est exact, interrompit Vidopliassov, Foma Fomitch est mon bienfaiteur. Il m’a fait concevoir