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de bonne volonté et prêt de tout mon cœur à contenter tes désirs… Mais que dois-je dire ?

— Vous trouvez difficile de faire vos phrases avec : Votre Excellence ? Cela se conçoit et vous auriez dû vous expliquer plus tôt. C’est tout à fait excusable, surtout quand on n’est pas écrivain, pour m’exprimer avec délicatesse. Je vais vous aider : répétez après moi : « Votre Excellence… »

— Eh bien : « Votre Excellence… »

— Non ; pas de : eh bien, mais tout simplement : « Votre Excellence ». Je vous demande, colonel, de prendre un autre ton. J’espère aussi que vous n’allez pas vous formaliser, si je vous propose de vous incliner légèrement en prononçant ces mots, ce qui exprime le respect et le désir de tenir compte de toutes les observations faites. J’ai fréquenté, moi aussi, la société des généraux et je connais ces nuances. Et bien : « Votre Excellence… »

— « Votre Excellence… »

— « Combien je suis heureux de l’occasion qui s’offre à moi de vous présenter mes excuses pour avoir si mal compris l’âme de Votre Excellence. J’ose vous assurer qu’à l’avenir je n’épargnerai point mes faibles forces pour le bien commun… » Et en voilà assez pour vous !